Typographie du livre d’artiste
Le caractère de titrage choisie pour l’ensemble est Le Canela, une police conçue en 2016 par le typographe Mexicain Miguel Reyes. Ses formes se situent dans un espace ambigu entre le serif et le sans serif, à la fois doux et tranchant, moderne mais avec des racines dans le classique. Délicate dans sa forme la plus légère, avec ses traits doucement évasés, elle prend une toute autre sensation de chaleur avec une confiance tranquille à mesure que le poids augmente jusqu’aux poids les plus noirs. Le titrage se répète sur les trois cahiers, en impression, en sérigraphie et en embossage. Gris, blanc cassé, volume.
Un livre d’artiste en trois temps
Ich&Kar a ainsi imaginé un coffret qui recevrait trois livrets, un premier livret pour les textes, un second livret témoin de son voyage à Lanzarote et un dernier qui serait une évocation des œuvres. Un livre d’artiste signé numéroté, une édition limitée à 100 exemplaires.
Livret I : Écrits
Le premier livret contient le texte Vida ! Un émerveillement de l’historienne d’art Lucia Pesapane et un entretien de l’artiste réalisé par la journaliste Marion Vignal.
Un livret blanc, cousu de fil couleur terre, accueille les différents textes. Sa facture est souple. La mise en page bilingue est architecturée. Le blanc circule comme une mise en exergue. Les images ponctuent le texte comme des notes. La lecture est douce et apaisée.
Livret II : Palette témoins de Lanzarote
Le second livret restitue la quête initiatique de l’artiste. Daniela a fait un voyage à Lanzarote et y a minutieusement prélevé les matériaux qui seront – une fois broyés – le médium de ses œuvres.
Le livret à la couverture gris anthracite, couleur lave est lui aussi cousu de fil couleur terre. Sa facture est semi rigide. Le livret offre une ballade dans les paysages que l’artiste a traversés. Y sont répertoriés les matériaux qu’elle y a prélevés. A l’image d’un anthropologue notant tout, le parti pris a été de légender très précisément : dates des visites, nom des endroits, coordonnées géographiques, matériaux, poids.
Dessin de la carte de Lanzarote qui exprime ce paysage volcanique en introduction du livret
Classification des matériaux
Livret III : Vida
Le troisième livret permet à l’artiste une réinterprétation de ses œuvres au format bibliophile.
Le livret à couverture carton naturel embossé est relié à la chinoise. De facture rigide, il s’ouvre parfaitement plat ce qui rajoute à l’élégance.
Le travail a été engagé à partir de photos des œuvres de Thibault Breton, de zooms des œuvres de Colombe Clier et de photos des verres soufflés de Virginie Perocheau. Un aller retour entre des reproductions et des zooms au plus proche de la matière.
La Rencontre
C’est une des rencontres les plus touchantes que nous avons vécue, celle de quelqu’un qui nourrit un désir profond de travailler avec vous. Daniela découvre fascinée le travail du studio à l’occasion de l’exposition «Ich&Kar Curiosité» à la galerie Anatome en 2007. Treize ans plus tard elle se sent prêtre pour une collaboration et nous appelle pour dessiner le catalogue de son premier One Woman Show : Vida.
Après quelques échanges nourris nous lui faisons doucement modifier sa demande. Plus qu’un simple catalogue d’exposition, nous lui proposons de travailler sur un livre d’artiste. Et ainsi de l’accompagner pour faire un objet singulier qui reflète sa démarche. Nous travaillons ensemble sur un ouvrage artistique qui sera une extension à l’exposition.
Daniela et Ich&Kar ne se connaissaient pas. Pourtant la relation graphiste – artiste a été immédiate et des plus fluide. Rencontrer Daniela Busarello est une expérience en soi. Pétillante, explosive, volontaire, boulimique de travail et de sensation… Nous nous sommes retrouvées sur de nombreux points. Cette collaboration a été des plus sympathique et des plus enthousiaste que le studio ait vécue!
Daniela Busarello
Daniela Busarello est brésilienne de naissance, parisienne d’adoption, italienne par intermittence. Cet environnement cosmopolite mixé à un cocktail d’éléments qu’allient la passion, la lumière, la nature, la vitalité du Brésil, à la réflexion, la précision et le raffinement font de Daniela Busarello une artiste enracinée et ultra-dynamique… Issue d’une lignée d’architectes, cette artiste d’une générosité incroyable, aborde son art à travers tous ses métiers d’aujourd’hui et d’hier : citoyenne, architecte, urbaniste, enseignante, scénographe.
Sa recherche artistique explore la Nature, le Temps Passé [les cycles de vie-mort-immortalité] et le Genius Loci [l’esprit du lieu], concepts présents depuis toujours dans sa vie d’architecte. Elle développe son propre langage où l’infiniment grand et l’infiniment petit s’affrontent et se répondent avec une sensualité féminine (…) où l’humain, ses cellules et « l’esthétique intuitive de la nature » dialoguent pour interroger « la représentation-investigation de la mémoire intime ». Daniela place « l’Art comme une force de changement de soi, des autres et de l’environnement ». Elle crée des Manifestes à l’Environnement et à l’Océan à partir de matériaux ordinaires qu’elle cueille dans l’urbain ou dans des réserves naturelles.
Vida
Le projet Vida est né d’un voyage quasi initiatique sur l’île de Lanzarote. « De loin, l’île semblait se présenter purement aride, sans vie comme statique dans le temps – De près, j’ai rencontré un paysage corporel, vivant, mouvant ». Son exposition est le témoignage d’une rencontre, d’une passion. Celle d’un être humain avec une terre, son relief, ses volcans, ses mers – mers de laves, mer de cactus – sa végétation, ses vents, etc.
L’exposition à la Galerie Mouvement Moderne